Dire « merci » à ChatGPT pollue-t-il ? Impact environnemental, économique et énergétique des formules de politesse dans l’IA
Dire « merci » ou « s’il te plaît » à ChatGPT paraît anodin. Pourtant, derrière chaque mot saisi, une infrastructure informatique massive consomme de l’énergie, de l’eau et génère des émissions de CO₂. Alors, ces gestes de politesse ont-ils un impact réel sur l’environnement et l’économie numérique ? Cet article propose une analyse scientifique et chiffrée pour mieux comprendre l’empreinte écologique de l’intelligence artificielle générative.
1. Comment fonctionne une requête à ChatGPT ?
Chaque fois qu’un utilisateur envoie un message à ChatGPT, celui-ci est traité par des serveurs puissants, souvent équipés de GPU ou TPU.
- Ces calculs nécessitent de l’électricité.
- Les serveurs doivent être refroidis, impliquant une consommation d’eau douce dans les data centers.
- Chaque interaction, même une formule de politesse, déclenche une partie de ce processus.
2. L’empreinte énergétique d’une requête IA
Les estimations varient selon les modèles, mais plusieurs études permettent d’avoir un ordre de grandeur :
- Une requête ChatGPT-4o consomme environ 0,3 à 0,42 Wh, soit 0,13 g de CO₂ en moyenne.
- À titre de comparaison, une recherche Google consomme environ 0,0003 Wh, soit 100 à 1 000 fois moins.
- Une requête IA équivaut parfois à allumer une ampoule pendant 20 minutes.
3. Impact économique : des « merci » qui coûtent des millions
Le PDG d’OpenAI a affirmé que les formules de politesse comme « please » ou « thank you » représentent un coût cumulé de dizaines de millions de dollars en électricité chaque année.
Pourquoi ? Parce que chaque mot supplémentaire rallonge le traitement du modèle, augmentant la durée et la complexité des calculs.
4. L’empreinte carbone et eau de l’IA générative
L’IA ne consomme pas seulement de l’électricité, mais aussi de l’eau douce pour refroidir ses serveurs :
- Une conversation de 20 à 50 questions peut consommer jusqu’à 500 mL d’eau.
- L’entraînement de GPT-3 a émis 552 tonnes de CO₂, équivalent à 123 voitures essence circulant pendant un an.
- D’autres modèles comme BLOOM ont généré entre 25 et 50 tonnes de CO₂ lors de leur formation.
5. Faut-il bannir la politesse face à l’IA ?
Évidemment, supprimer toute politesse dans nos interactions ne résoudra pas le problème global. Mais l’exemple souligne deux réalités :
- Chaque geste numérique a un coût – même un simple mot de politesse.
- L’impact est marginal individuellement, mais massif collectivement à l’échelle de centaines de millions d’utilisateurs quotidiens.
Conclusion
Dire « merci » à ChatGPT est un beau réflexe humain, mais il rappelle surtout que l’IA n’est pas immatérielle : elle consomme énergie, eau et argent. La véritable solution n’est pas de supprimer la politesse, mais de rendre les modèles plus sobres, optimiser les data centers et développer une IA durable.